Déménager au Québec ; Être canadienne depuis l'âge de 15 ans

Aujourd'hui, nous avons le plaisir de recevoir Lindsay, qui est spécialisée en intelligence émotionnelle et en facilitation de projets

Bonjour Lindsay, comment vas-tu ? Je vais très bien, Lucie, et toi ? Moi, ça va merveilleusement bien. Alors Lindsay, explique-nous exactement ce que tu fais, car ici au Québec, on dirait que tu facilites les projets, mais en Europe, avec l'utilisation de nombreux mots anglais, on parle plutôt de Facility Project.

Raconte-nous en quoi cela consiste concrètement

C'est accompagner les professionnels sur le terrain pour leur apprendre à être avec leurs équipes et leur public, et à grandir ensemble dans la même direction, en fonction de leur personnalité, tout en restant ancré en tant que professionnel et en tant qu'être humain. En somme, il s'agit de rester authentique, même dans le travail.

Dis-moi, à quel moment es-tu devenue indépendante et as-tu commencé à travailler pour toi-même ? Cela s'est produit en 2018, mais en réalité, c'était un projet qui avait mûri depuis mes 22 ans. À cette époque, on me disait déjà à plusieurs reprises : "Pourquoi ne te mets-tu pas à ton compte ? Qu'est-ce que tu fais ici ?" Je les regardais tous en me disant : "Mais vous êtes fous ? J'ai seulement 22 ans, je n'ai pas d'expérience, je ne me sens pas du tout légitime." J'ai refusé des postes à responsabilités et des offres de gestion d'équipes, toujours des postes importants, et finalement, quand j'obtenais ces postes, c'était moi qui prenais la fuite.

Ensuite, j'ai repris des études en marketing, mais avant cela, j'avais étudié la psychologie et les sciences de l'éducation. J'étais en quête de moi-même, j'ai travaillé dans le domaine des neurosciences que j'ai adoré, j'ai exploré la pédagogie et j'ai obtenu un diplôme en mathématiques et physique. J'ai cherché le lien entre toutes ces disciplines, et finalement, j'ai trouvé le marketing. J'ai clairement exprimé que je ne vendrais jamais du matériel ou autre chose juste pour arnaquer les gens. Pour moi, ce que je dois vendre, je dois d'abord y croire et cela doit être authentique.

Donc, la vision que j'avais du marketing était celle d'un business sans substance. Et à 34 ans, bientôt 35, j'ai réalisé qu'il était possible d'évoluer en tant que professionnel en vendant un service au lieu d'un produit, tout en restant ancré en moi-même et en croyant en ce que je vends. Parce que cela fonctionne réellement et nous en sommes la preuve, grâce à notre expérience. C'est cette intelligence émotionnelle que je possède, qui me permet de vivre les choses moi-même pour y croire, puis de pouvoir les exprimer verbalement. Voilà tout le cheminement que j'ai parcouru depuis mon adolescence, et finalement, l'objectif central est l'humain, avec ces services autour, et peut-être un jour des produits, en fonction des besoins. Mais je te promets que ma tête ne sera pas sur une casquette ou un T-shirt.

Ce n'est pas donné à tout le monde de mettre son nom sur une entreprise. Mais est-ce que tes parents étaient entrepreneurs ?

Pas du tout, ma mère a décidé de s'occuper de nous, car elle était seule et si elle travaillait, elle ne pourrait pas être présente avec nous. Quant à mon père, il a eu un grave accident en 1990 et a perdu ses deux jambes. Il était employé à la base, mais il avait aussi un côté entrepreneur en tant qu'indépendant complémentaire. Cependant, j'étais jeune à l'époque et je n'ai pas vraiment eu l'occasion de m'inspirer de mes parents à ce niveau-là. Ma mère a décidé de se lancer en tant qu'indépendante vers l'an 2000. Elle était gérante indépendante pendant 5 ans et je l'ai vue s'épanouir à cette période. Je crois que c'est le seul moment où j'ai vu ma mère complètement épanouie, mais je pense que j'ai été la seule à m'en rendre compte, car elle a décidé d'arrêter.

Elle ne se sentait plus capable de continuer par la suite. Il y a eu un moment de découragement, qui ne lui appartenait pas du tout, et c'est cela qui était important et intéressant. Les produits qu'elle recevait en tant que gérante n'étaient plus de bonne qualité, alors elle a décidé de dire stop. Elle ne voulait pas vendre de la médiocrité. Mais à la base, non, mes parents ne sont pas entrepreneurs. Ils ont essayé un peu l'entrepreneuriat à un moment donné de leur vie.

Pour te connaître un peu mieux, je sais que tu aimes le Canada. À quel moment cette passion est-elle apparue dans ta vie ?

Encore une fois, j'en parlais depuis mon adolescence, car à l'âge de 18 ans, je n'avais pas encore voyagé une seule fois. En 2019, je me suis dit : "C'est bon, tu parles toujours du Canada, c'est là que tu vas faire ton dernier voyage, c'est là que tu poseras tes bagages." Mais je me suis également posé la question : "C'est bien beau de penser ainsi, mais si tu n'aimes pas le Canada, si finalement tu es déçu après avoir attendu tout ce temps ?" Je me suis dit que je ne voulais pas me donner cette réalité. C'est à ce moment-là que j'ai ouvert mon agenda et j'ai vu qu'il y avait 10 jours de libre en mai, ce qui n'était pas normal car mon agenda était toujours rempli. Il y avait des élections en Belgique, c'est pourquoi je n'avais pas de rendez-vous à l'extérieur, car j'étais censée m'occuper des élections. J'ai donc donné procuration et je me suis dit "tant pis pour le travail". Je suis partie pendant 10 jours, j'ai pris mon premier billet d'avion pour le Canada, direction Montréal.

Qu'as-tu fait là-bas ?

J'ai parcouru 25 km par jour, j'ai exploré tous les coins de Montréal et j'ai rencontré des personnes extraordinaires. J'ai été fascinée par la culture de bienveillance, d'ouverture d'esprit et de recherche de solutions. Je me sentais moi-même et plus comme une étrangère. J'ai réalisé que le côté culturel européen ici en Belgique et en France était différent. Je ne sais pas si j'ai été adoptée et que j'ai des parents canadiens à la base, je n'en sais rien, mais une chose est sûre, je me sens plus étrangère du côté de l'Europe et plus chez moi au Canada en termes de mentalité et de culture. C'était en 2019 ? Oui, et je suis repartie au mois d'août également.

C'était ma prochaine question, tu es revenu depuis ce temps ?

Oui, au mois d'août, donc je suis revenue. Je n'ai pas eu le temps de poser les pieds sur le tarmac que la réalité est arrivée. J'ai dû m'occuper de mon père en situation de handicap pendant plus de huit mois. J'ai mis cette personne totalement à part. Elle n'existe plus dans mon présent ici maintenant, mais cela m'avait totalement occulté ce que j'avais vécu pendant les 10 jours du mois de mai. Il m'a fallu seulement une semaine pour réaliser ce qui se passait et me dire STOP, tu es en train de vivre quelque chose qui te fait respirer, vivre, avoir de la clarté, voir vraiment. Être en accord avec toi-même sur qui tu es, la manière dont tu échanges avec les gens, les objectifs professionnels, culturels, et personnels. Prendre soin de soi est important. Le fait de prendre soin des autres, d'être dans le côté social et de ne pas avoir peur d'échanger, d'aller vers les gens et de proposer des choses. Cela ne devrait pas être vu de manière négative, bien au contraire. Mais en une semaine, j'ai dit stop, je me réenclenche et cette fois, ce n'est pas pour une semaine ou 10 jours, c'est pour un mois. Parce que j'ai besoin de savoir si je ne fuis pas quelque chose. C'était mon objectif par rapport à la vie que je vivais en Belgique, donc en août 2019.

Comment s'est passé ton voyage à ce moment-là ?

La première semaine a été délicate pour moi, car j'avais vécu à 200 à l'heure en Belgique. Quand je suis arrivée là-bas, c'était un environnement où tu n'avais plus qu'à penser, et j'étais perdue, totalement désorientée. J'ai eu du mal à reprendre un rythme. Émotionnellement, j'étais bousculée. Ensuite, j'ai repris contact avec des gens que j'avais rencontrés en mai. J'ai découvert d'autres personnes. J'ai acheté un tapis de yoga et des rollers, car il était compliqué d'emporter tout mon équipement dans ma valise. J'ai recommencé à trouver mon rythme là-bas. J'ai voyagé à Trois-Rivières, j'ai visité la ville de Québec et j'ai rencontré des personnes par intuition. Je me laissais guider. Je n'avais pas envie de calculer les choses et je me suis ouverte aux opportunités, aux personnes qui me proposaient de visiter une exposition ou de participer à une rencontre. J'ai décidé de me laisser vivre et c'est la meilleure chose que j'ai pu faire.

Et donc, c'était ta deuxième expérience, ton retour chez toi en Belgique. Ensuite, comment ça s'est passé ?

J'ai gardé le contact avec les personnes que j'ai rencontrées là-bas et je les côtoie encore aujourd'hui. J'ai voulu réitérer l'expérience en février, mais finalement, cela s'est fait en mars. J'ai réservé les billets d'avion en mars et j'allais partir avec mon compagnon, mais les frontières se sont fermées. C'est à cause du Covid, ce n'est pas de la faute du Covid, mais cela s'est produit à cause du Covid. C'est arrivé à un jour près.

Parfait, et à partir de ce moment-là, qu'as-tu fait ? Tu avais le désir de repartir, mais ça n'a pas marché. Alors, qu'est-il arrivé ? Puisque nous étions en télétravail et que nous n'avions que notre ordinateur et internet pour voyager, j'ai continué à voyager. J'ai contacté une avocate spécialisée en immigration au Canada et j'ai posé toutes les questions, exploré toutes les opportunités qui s'offraient à moi. J'ai également été en contact avec des banques pour voir comment fonctionnaient les prêts, et même avec un agent immobilier. J'ai pris conscience qu'en tant que Belge, avec la nationalité belge à mon âge, je n'avais pas beaucoup de chances d'obtenir un permis vacances-travail (PVT) ou d'avoir un accès administratif rapide. La collaboration entre la France et le Canada est bien plus grande que celle entre la Belgique et le Canada, et cela n'a rien à voir avec la taille de la Belgique par rapport à celle de la France.

Ce sont simplement des collaborations de ce type. Alors, je me suis dit, quels sont les moyens ?

Et là, j'ai pensé que c'était intéressant, ma mère étant française, je me suis toujours demandé pourquoi elle avait la nationalité française, car elle avait la nationalité belge après son mariage. Donc, je lui ai toujours demandé de me faire bénéficier de cette double nationalité. J'ai donc décidé d'y aller, et pendant la période de Covid, avec toute la paperasse et les formalités auprès des consulats, j'ai essayé d'obtenir tous les documents nécessaires, et j'y suis parvenue. J'ai obtenu mon passeport et ma carte d'identité française, qui m'ont ouvert de nouvelles portes. Maintenant, j'ai la possibilité de partir, soit rapidement et d'arriver du côté d'Ottawa. Depuis le 19 avril, j'ai reçu un mail dans ma boîte m'informant que ma demande de permis vacances-travail était acceptée. J'ai rapidement rempli le dossier, le mercredi soir, et le vendredi soir, mon dossier était clos. Le lendemain, j'ai reçu les documents pour les données biométriques et je me rends à Lyon ce jeudi pour les faire. Ce sera à qui adviendra verra, car normalement, le PVT France va jusqu'à 35 ans. J'aurai 35 ans jeudi. C'est vraiment la date limite. Cela signifie que tout a été mis en place pour que tu puisses y arriver avant les délais, c'est excellent. Mais ta demande a été faite avant et, oui, cela veut dire que tu vas devenir canadienne très prochainement.

C'est le Canada qui va décider maintenant, car cela dépend du fameux tirage au sort pour les PVT. Si cette option se ferme, il y a encore d'autres solutions. Tout est une question de les trouver. En tout cas, je ne vais pas abandonner, car c'est une idée qui n'est pas seulement dans ma tête, c'est vraiment ici, c'est bien présent et ça bouillonne. Rien que d'en parler, je respire.

Mais si nous mettions l'histoire du Canada de côté, quel serait le voyage que tu aimerais faire ?

Quel est ton voyage de rêve? Mon voyage de rêve, c'est un tour du monde. Je voudrais explorer différentes cultures, rencontrer des gens et saisir les opportunités qui se présentent. Ce serait un mélange d'aventures, où je pourrais voyager en sac à dos, en van, à vélo, et parfois profiter du confort d'un hôtel. L'objectif serait de vraiment comprendre la vie quotidienne des populations locales, d'apprendre à les connaître et de m'immerger dans leur mode de vie, plutôt que de rester dans le tourisme classique.

Si tu avais un conseil à donner aux gens, que leur dirais-tu?

Je leur dirais simplement de suivre leur intuition et de rester concentrés sur leurs objectifs. Il est important de progresser pas à pas dans sa vie tout en étant ouvert aux opportunités. En restant en mouvement, en s'aimant soi-même et en ayant confiance en ses propres capacités, les choses se mettront en place au moment opportun. Il est essentiel d'avoir confiance en soi, en les autres et en l'univers tout simplement.

Il est intéressant que tu mentionnes cela, car je me suis rendu compte que mon rôle dans la vie est d'aider les gens à suivre leur intuition et à trouver des solutions pour le faire. Il semble y avoir une prise de conscience croissante de l'importance de l'intuition. J'ai récemment parlé à quelqu'un qui soulignait l'urgence pour les gens de comprendre que suivre leur intuition est la bonne voie. Donc, merci Lindsay d'avoir été avec nous et merci à tous les auditeurs d'être restés jusqu'à la fin. Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. Merci à tous et au revoir !


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